La Quinzaine de la Mère organisée par Golden Rose, a pris un souffle différent lors de la table ronde « rencontre avec les mamans schaerbeekoises » ce lundi 9 Mai. Ce projet porté à l’initiative d’Afaf Hemamou, Echevine de l’Egalité Hommes/Femmes, de la Famille , de la Santé et des Affaires Européennes de la Commune de Schaerbeek a été organisé par Golden Rose dans le cadre de la Quinzaine de la Mère , à la Maison des Femmes.
Ce lieu symbolique a accueilli un petit groupe de femmes qui sont mamans et schaerbeekoises mais issues de cultures différentes, venues partager leurs vécus, leurs expériences.
Dans son discours d’ouverture, Afaf Hemamou a relevé l’évidence de la multiculturalité, cent quarante nationalités vivent en effet, à Schaerbeek et se côtoient. Et cela est une chance et une opportunité à saisir. Le rôle des mères est alors de véhiculer et de transmettre les valeurs générales. Elle a remarqué aussi, que les femmes engagées en politique, quelque soit leurs idéaux, avaient un même but : trouver des solutions pratiques et rapides aux problèmes de la société. Encourageant les initiatives des associations telles que la nôtre, l’Echevine de l’Egalité Hommes/Femmes s’est dite réjouie de voir que les femmes d’origines étrangères étaient de plus en plus actives dans la vie sociale.
Après son intervention, les oratrices de cette table ronde ont pris la parole chacune à leur tour et ont présenté la maternité, le fait d’être mère dans leur propre culture et en Belgique. Cet échange s’est fait entre une maman congolaise, turque et russe. Elles sont toutes actives dans différentes associations : le Carrefour des jeunes Africains à aspiration d’aide envers les délinquants, de l’Association des Parents de Belgique à objectif éducatif et enfin la Maison Russe qui est une association culturelle.
Madame Sagsöz, qui présentait la mère dans la culture turque, est ingénieur en mécanique avant de devenir secrétaire générale de l’association des Parents de Belgique. Elle a souligné lors de son intervention, l’importance du rôle de la mère dans les familles turques et de son éducation ; en effet, il est essentiel qu’elle se forme, s’informe tout au long de sa vie. Elle pourrait alors avoir un impact clairvoyant sur ses enfants, sa famille et son entourage.
Elle a ajouté que l’éducation des enfants se faisait en adéquation avec les étapes de leur évolution, leur développement. Elle a mis aussi en valeur le rôle de la femme dans son foyer, y apportant l’amour et le respect.
Ensuite, Madame Vasco du Carrefour des Jeunes Africains a pris la parole. Cette journaliste congolaise a suivi une formation d’aide-soignante lorsqu’elle est arrivée en Belgique et s’investie beaucoup dans l’associatif.
Elle travaille en collaboration avec la police et se dit être une mère de substitution pour ces jeunes qui sont dans la rue. Pour elle, il est important de faire ce travail de dialogue entre les communautés afin d’éviter les malentendus dus à des interprétations erronées des comportements de chacun. Elle a donné l’exemple du fait de baisser la tête qui est un signe de respect en Afrique mais qui est mal vu par les Occidents.
Elle a été le porte-parole des mamans africaines prêtes à se sacrifier pour leurs enfants car comme Madame Vacso l’a dit « en Afrique, il existe une grande injustice sociale » et que la mère est la garante des valeurs. D’ailleurs elle finira son exposé par ses mots : « éduquer une femme c’est éduquer une nation ».
Enfin, la dernière intervenante, Madame Ludmila Krasnova nous a révélé ce qui pour elle représentait la mère russe. Elle a commencé son exposé par dire que pour elle, lorsque l’on parle de mère, elle a tout de suite comme image la Vierge Marie. Sa culture chrétienne fait que c’est la première chose à laquelle elle pense et elle précise les qualités qui font la mère : la dévotion, l’acceptation totale et le sacrifice. Cette dernière notion, nous dit-elle est très forte parmi les femmes de l’Europe de l’Est et ces dernières, seront moins attirées par une carrière professionnelle afin de pouvoir éduquer leurs enfants et les garder elles-mêmes. Pour elle, la maternité est le point culminant de la féminité mais elle regrette qu’aujourd’hui, on axe plus sur l’épanouissement professionnel au détriment de la relation spéciale mère/enfant.
Après ces enrichissantes interventions, nous avons partagé avec le public les expériences et les remarques. Une des mamans a dit de manière humoristique mais qui ne manquait pas d’une certaine réalité : « l’enfant a besoin de sa mère jusqu’à sa pension ». Les échanges se sont poursuivis sur les thèmes du travail et de la garde des enfants ; certaines regrettant d’avoir du travailler et d’autres disant, qu’elles avaient pu mieux profiter de leurs enfants puisque, culpabilisant, elles ont cherché à valoriser chaque moment passé avec eux.
Nous avons abordé la question des différentes cultures en Belgique et de l’incompréhension des mamans face aux comportements de leurs enfants, coincés entre deux cultures, celle d’origine et celle d’accueil. Cela crée des difficultés d’adaptation des mères mais aussi des enfants qui se trouvent être porteurs de deux valeurs parfois contradictoires. Il est important de partager ces sentiments et ces réflexions avec les autorités de ce pays, les organismes ou autres associations afin de combattre les préjugés et de montrer à quel point il est difficile pour les parents issus d’une autre origine de s’adapter tout en gardant son identité et en le transmettant à ces enfants.
Cet échange a été très enrichissant. Les discussions se sont poursuivies au moment du verre de l’amitié et nous avons été heureux de constater la bonne entente des participantes. Les mères sont finalement pareilles, elles sont porteuses de valeurs positives, pleines d’amour et d’acceptation.
